Nous souffrirons presque tous, un jour ou l’autre, d’une foulure ou d’une entorse, le plus souvent aux « tissus mous » (muscles, tendons et ligaments) du poignet, de la cheville ou du genou. Un travail manuel exigeant et les sports de contact posent certains risques à cet égard.
Comme les deux types de blessures ont des causes, symptômes et traitements semblables, on les mêle souvent et on croit à tort qu’il s’agit de la même chose et qu’il n’y a que la gravité de la blessure qui change. En fait, la distinction repose sur le type de tissus mous qui a été endommagé.
Entorse ou claquage?
Souvent, le fait de pouvoir établir s’il s’agit d’une entorse ou d’un claquage permet de s’éviter une visite chez le médecin. Il est donc utile de pouvoir les distinguer.
Foulures
Une foulure est une blessure subie par un muscle (les tissus qui fournissent la puissance nécessaire pour bouger une articulation) ou un tendon (les tissus résistants et élastiques qui relient le muscle à l’os). La blessure comme telle peut être bénigne, modérée ou grave, allant de l’étirement excessif d’un muscle ou tendon au déchirement partiel ou complet de ses fibres.
Les foulures aiguës sont monnaie courante dans le milieu des sports de contact; elles sont en général le résultat de forces exercées sur une partie du corps, par exemple d’une pression excessive sur les muscles ischio-jambiers, derrière la cuisse. Les muscles du dos sont aussi susceptibles aux foulures, entre autres à la suite d’une torsion qui survient lorsqu’on soulève des objets lourds, une blessure des plus fréquentes en période de déménagement.
Parmi les autres blessures les plus courantes, on trouve celles subies par les joueurs des sports de raquette, qui se foulent tantôt la main, le poignet, l’avant-bras ou le coude (foulure que l’on surnomme alors le « tennis elbow » ou « coude du tennisman »), parce qu’ils serrent fermement le manche de leur raquette tout en frappant à répétition un volant ou une balle. Lorsqu’une blessure de ce genre n’est pas bien traitée, elle devient souvent chronique.
Entorses
Une entorse est l’étirement ou le déchirement d’un ligament (les bandes résistantes et souples de tissu conjonctif qui relient au moins deux os à l’intérieur d’une articulation).
Les entorses peuvent se produire dans les membres supérieurs comme inférieurs. Parmi les entorses fréquentes au poignet, on trouve celles subies par les personnes qui essaient de freiner une chute et dont tout le poids se retrouve alors sur les mains, pendant qu’ils ont les poignets pliés. Mais, le plus souvent, c’est la cheville qui est la victime des entorses; c’est même la blessure la plus fréquente sur le continent. Plus d’un million de blessures à la cheville surviennent chaque année en Amérique du Nord, et quelque 85 % de celles-ci sont des entorses. Une entorse à la cheville se produit habituellement lorsque c’est le côté du pied qui touche le sol quand on descend d’un trottoir ou d’une marche, ou pire encore, après un saut quand on joue au soccer ou au basketball.
Une entorse peut toucher plus d’un ligament dans une articulation. En fait, la gravité de l’entorse dépend à la fois de l’importance de la blessure au ligament (déchirement partiel ou complet) et du nombre de ligaments affectés. Les athlètes y sont particulièrement vulnérables. Les joueurs de basketball, de football et de hockey sont les plus à risque, car ils appuient souvent un pied au sol pour ensuite pivoter dessus, exerçant parfois tellement de pression sur leur genou que celui-ci se disloque (en général, on entend alors un « pop! »), ce qui cause un étirement excessif des ligaments.
Symptômes
Qu’il s’agisse d’une foulure ou d’une entorse, il est bien probable que les symptômes seront très semblables.
Les premiers symptômes sont la douleur, ainsi que l’enflure dans certains cas. Il peut également y avoir des ecchymoses autour de la blessure, et il est fort probable que la personne blessée aura de la difficulté à bouger son articulation sans aggraver la douleur. Dans le cas d’une blessure aux membres inférieurs, comme au genou ou à la cheville, une douleur aiguë peut empêcher la personne de s’appuyer sur sa jambe.
Lorsque la foulure ou l’entorse est bénigne, il y a en général peu de douleur et d’enflure. Il peut aussi ne pas y avoir d’ecchymoses. La personne blessée peut être capable d’utiliser son articulation sans grimacer de douleur; si c’est le cas, il ne devrait pas être nécessaire de consulter un médecin ou de faire prendre des radiographies, à moins que l’on ait des doutes quant à la blessure.
Certains symptômes viennent toutefois confirmer la nécessité d’une consultation médicale : la personne blessée a de la difficulté à faire ne serait-ce que quelques pas; l’application d’une pression même minime sur une articulation des membres supérieurs est pratiquement impossible; elle ne peut pas bouger l’articulation; ou il y a une grande douleur, de l’enflure et des ecchymoses bien évidentes.
Il faut également consulter un médecin si la zone touchée a un aspect inhabituel, à part l’enflure (articulation tordue ou bosselée, c’est-à-dire qui n’a pas le même aspect que l’articulation non blessée).
Enfin, si la personne blessée est inquiète ou qu’elle doute de la gravité de la blessure, ou encore si ce n’est pas la première blessure subie par l’articulation touchée, il est préférable de consulter un médecin.
Traitement
Le traitement d’une foulure et d’une entorse est souvent semblable. Au cours des 24 à 48 premières heures, l’objectif est d’atténuer la douleur et l’enflure, en général en suivant une procédure assez simple : repos, glace, compression et élévation.
Le terme repos est explicite. Autant que possible, il faut éviter d’utiliser l’articulation touchée pour lui donner le temps de guérir.
Appliquer de la glace (un bloc réfrigérant ou un sac de légumes surgelés) aide à réduire l’enflure, mais il faut cependant être prudent : afin de prévenir les engelures et brûlures par le froid, on doit enrouler la glace dans une serviette mince et ne pas la laisser sur la blessure plus de 10 minutes à la fois, en attendant au moins 10 minutes entre chaque application.
On peut appliquer une compression sur l’articulation à l’aide d’un bandage élastique, ce qui contribue à réduire l’enflure. Il faut par contre s’assurer de ne pas trop serrer le bandage pour ne pas nuire à la circulation sanguine.
L’élévation de l’articulation blessée permet d’en drainer les fluides et de réduire l’enflure, ce qui soulage la douleur et accélère la guérison. Il faut élever l’articulation aussi souvent que possible pendant les premières journées suivant la blessure, idéalement de 20 à 50 cm (de 8 à 12 po) au-dessus du niveau du cœur.
Les foulures et entorses modérées et graves peuvent nécessiter une forme ou une autre d’imagerie (radiographie, tomodensitométrie ou imagerie par résonance magnétique) afin de voir s’il y a fracture d’un des os de l’articulation blessée ou de déterminer à quel point les tissus mous ont été étirés ou déchirés et s’il faut faire un plâtre pour stabiliser l’articulation.
La guérison d’une foulure ou entorse très grave, soit de niveau III, qui comprend un déchirement complet des tissus mous, peut nécessiter plus de temps. Dans certains cas, la personne blessée peut devoir consulter un spécialiste et passer d’autres examens. Il arrive même, rarement toutefois, que le traitement d’une entorse demande une chirurgie. Les attelles pneumatiques, bottes et bottes de marche sont très utiles dans le traitement de toutes les entorses de la cheville, y compris celles de niveau III, plus particulièrement pendant la guérison et la réadaptation.
Sauf dans les cas les plus bénins, les foulures et entorses nécessitent souvent une certaine réadaptation, qui consiste habituellement en une série d’exercices d’étirement et de renforcement bien précis qui visent à ce que l’articulation blessée retrouve sa pleine capacité fonctionnelle et toute son amplitude. La durée du rétablissement complet dépend de la gravité de la blessure.
Résultats
Le traitement des foulures et entorses a en général de bons résultats, soit le retour à une mobilité normale.